jeudi 16 mai 2013

Paroles de Boileau


Mon père ne cessait de parler pédagogie musicale à la maison. Je pense que c’est ainsi qu’est née ma passion pour l’enseignement, au fil de ces conversations autour de la table. 

Parmi ses sujets de débat préférés: le piège de la mémoire digitale.
À son grand bonheur, ma mère nous est arrivé un jour avec cette citation:

                   Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement.
                             Et les mots pour le dire arrivent aisément.
                                        Boileau - L’art poétique

Ce qui se conçoit bien musicalement sera joué avec justesse, économie de gestes et musicalité.

Boileau disait aussi:

                    Avant donc que d’écrire, apprenez à penser.

Avant de jouer, apprenez à penser. 
Avant de jouer, prenez le temps de penser. 
Et, en jouant, restez présent à ce que vous faites. 

À force de vous y entraîner, «penser musique» deviendra une seconde nature. La pensée deviendra légère et habile à décoder rapidement. Le corps restera détendu et en équilibre. Bien guidés, les doigts trouveront leur chemin au clavier avec agilité et fluidité. Le jeu sera expressif.

Qu’est-ce que la mémoire digitale? C’est quand les doigts y vont par eux-mêmes, parce que l’enchaînement des doigts a été mémorisé, automatisé à force de répétition, et qu’on a cessé de penser aux noms des notes et aux accords. Ce n’est pas mauvais, sauf «quand il n’y a personne derrière le volant.» Tout dans les doigts, rien dans la tête: cul de sac en vue éventuellement, assurément.

Un petit truc pour rester centré: bien partir. Avant de commencer votre pièce au piano, gardez les mains sur les cuisses et prenez du temps pour réfléchir à ce que vous allez jouer. Ne laissez vos doigts chercher, utilisez plutôt votre tête: 
ça va mieux! Et restez dans cet esprit quand vous jouez: ne perdez pas de vue ce que vous êtes en train de faire. 

Bonne pratique!