mercredi 11 septembre 2013

Apprendre à apprendre!

Je m’étais promise de continuer à tenir mon blog cet été. J’ai fini par mettre de côté ce projet au profit des herbes, des légumes et des fruits de notre potager. Qu’une petite graine dans une bonne terre en vienne à donner une telle quantité de haricots ne finira jamais de me fasciner et de m’émouvoir. Et comme nous produisons aussi notre compost, nous sommes témoins de ce cycle de vie qui fertilisera la terre de nos jardins autour de la maison.

Déformation professionnelle ou penchant philosophique, je ne pouvais m’empêcher de faire un lien entre le potager et l’apprentissage de quelque chose de nouveau – que ce soit la musique, une langue, un sport…

Première étape: aménager un espace en soi, se rendre disponible. Étape subséquente: l’entretenir, cet espace, ne pas le laisser être envahi par les herbes du doute ou encore de l’impatience. En laissant ces dernières prendre racine, elles ralentiront, voire entraveront, la croissance de ce qu’on essaie de faire pousser.

Dans le potager, on apprend que tous les légumes ne poussent pas à la même vitesse. Peu importe ce qu’on en pense, les haricots apparaitront toujours avant les tomates. On ne peut forcer ces choses, encore moins les changer, sous prétexte qu’on voudrait que ce soit autrement. Il en va de même avec tout apprentissage. Certains principes s’acquièrent plus facilement, plus rapidement. D’autres demandent plus de temps, d’attention, de répétition et de réflexion.

Prêter attention à ce qu’on fait va de soi. Observer la façon dont on le fait est tout aussi important. Tout pédagogue qui se respecte se doit d’aborder ces sujets. Car on n’apprend pas juste le piano; on doit aussi apprendre à l’apprendre. Prenez le temps de méditer un peu sur ces propos...


J'aimerais aborder un dernier point avant de fermer la clôture du potager.
Face aux difficultés et aux nombreux défis de l’apprentissage, prendre les choses au sérieux est important. Mais attention, il ne faut surtout pas les “prendre personnelles”. Je m’explique: de moins bonnes journées, ça arrive. Il ne faut surtout pas en faire un cas, douter de ses capacités et tout remettre en question. Une bonne attitude favorise l'utilisation des aptitudes. Alors, ces journées-là, gardez la tête froide, remontez les manches et travaillez votre jardin!

Bon jardinage!


mardi 18 juin 2013

And here’s to you, Mister...Thompson!

«... Cette grande personne peut tout comprendre, même les livres pour enfants. Je veux bien dédier ce livre à l’enfant qu’a été autrefois cette grande personne. Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants. Mais peu d’entre elles s’en souviennent.»            
Saint-Exupéry. Le petit prince. (Extrait de la dédicace)

J’apprécie beaucoup les 4 livres « JohnThompson’s easiest piano course » avec CD pour les opportunités de découverte et d’adaptation qu’ils offrent. Oui oui, je parle bien de la version pour enfants avec les drôles de petits personnages. Ils rappellent aux adultes qu’on a le droit - et le devoir- de s’amuser et de se créer des mondes qui aideront à illustrer et mieux interpréter la musique.

L’apprentissage est progressif et réfléchi, ce qui est idéal pour débuter ou réviser tout en s’amusant dans un environnement sonore varié. 
Il permet d’abord de se recentrer au piano et dans les portées, puis d’élargir progressivement la lecture et le jeu, en occupant plus d’espace et en prenant du recul.

Les mains ne se déplacent pas sur le clavier dans les premières pièces, ce qui permet de se concentrer sur la verticalité du jeu des doigts, autrement dit : lever les doigts.

Les mouvements ascendants et descendants débutent de façon conjointe avec des secondes. Puis apparaissent tierces, quartes, quintes… 
Parce que les déplacements sont vécus de façon progressive, on a le temps de les décoder et de permettre la mémorisation des empreintes : à la fois une mémoire kinesthésique et une mémoire sonore des intervalles.

Côté mathématique rythmique, le nombre de temps par mesure varie d’une pièce à l’autre, ainsi que les styles d’accompagnement du CD. À noter que le CD ne nous attend pas si on se trompe. L'approche est peut-être ludique, mais ces accompagnements imposent une concentration de tous les instants.

Parce que les styles varient, on baigne dans des univers sonores propres à différentes cultures. On apprend à s’adapter aux rythmes, aux intonations, aux accentuations de chacun.

S’intéresser à des styles musicaux différents est très profitable, tant au plan technique qu’au plan imaginatif. Il est donc bon de sortir de nos zones de confort et d’explorer d’autres horizons musicaux.

Voilà la base d’une conscience, d’une technique et d’une sensibilité saine, solide et durable. Mais pour cela, il ne faut pas juste survoler. Il faut être présent à ce que l'on fait pour s'en s'imprégner d'une façon durable.

« Les hommes n’ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. »  
Saint-Exupéry. Le petit prince.


samedi 15 juin 2013

Manu musicali

“Le mouvement des doigts se prend à la racine, c’est-à-dire à la jointure qui les attache à la main.” 
Jacques Duphly 1769

Il est bon de se souvenir que la main et les doigts sont au bout d’une chaine: épaule, bras, coude, avant-bras, poignet. Et qu’ils seront nécessairement affectés par une mauvaise posture. 
Avant de commencer à jouer, prenez le temps de vous concentrer sur les points suivants.
Faites-en un rituel qui vous permettra d’entrer dans la “zone”. Cette manière d’être deviendra éventuellement naturelle et spontanée.
Une bonne assise.
Épaule et coude: libres et détendus.
Poignet dans le prolongement du coude.
Tous les doigts en contact avec les touches.
Respiration abdominale.

Parlons poignet
La souplesse de celui-ci est un pré-requis à la liberté des doigts. Un poignet rigide empêchera la fluidité du jeu. Le poignet doit garder 3 axes de mouvements: latéral, vertical et rotatif.
  
Sur la main et les doigts 
La force de la main est en son centre. Pouce et auriculaire forment les deux piliers de cette voute, ce qui empêche la main de s’effondrer. L’index stabilise l’ensemble. Les cinq doigts sont légèrement arrondis, sans crispation et prêts à jouer.
De beaux ongles au piano sont des ongles courts, car ils permettent un bon contact de la pulpe du doigt avec la touche.

Peu importe que la main soit forte ou délicate, que les doigts soient longs ou courts, que la main soit palmée ou non, «ce n’est pas tant ce que l’on a comme ce que l’on fait avec» qui est important.

Hanon et autres
Les exercices techniques restent un incontournable essentiel pour développer souplesse et puissance, douceur et force, autonomie et indépendance de chaque doigt.

Ailleurs qu’au piano
Vous pouvez faire cet exercice d’indépendance et d’assouplissement n’importe où, n’importe quand. Il est simple : main déposée sur la table comme au clavier, levez chaque doigt lentement 5 à 10 fois. Puis lever 2 doigts à la fois. Lentement, en 2 temps: en haut, en bas, en haut, en bas...

   " Pour le virtuose, la technique n'est qu'un moyen d'accéder à d'autres mondes." Liszt

samedi 8 juin 2013

Sur la conscience

« L'art équestre commence par la perfection des choses simples. » Nuno Oliviera   

Mon humble opinion est qu’il est plus important de se concentrer sur la capacité de lecture, d’adaptation et de réponse, plutôt que sur la vitesse d’exécution. Cette dernière viendra d’elle-même. Tout apprentissage devrait être fait avec lenteur, en souplesse, dans le calme.

Au fil des différentes situations rencontrées dans les pièces, quand on travaille à la fois de façon analytique et ressentie, avec curiosité et application, notre répertoire gestuel s’enrichit. Ce qui permet au geste musical de devenir de plus en plus naturel en toutes circonstances.

La lenteur du geste permet aussi d’apprendre à bien évaluer les dépenses d’énergie de façon efficace, et à éviter les gestes inutiles. Elle permet de prendre l’habitude de se mouvoir en toute connaissance de cause, et non de façon aléatoire.

dimanche 19 mai 2013

L'assiette


L’assiette est un terme utilisé en équitation pour nommer la surface d’appui du cavalier assis sur le cheval, ainsi que la partie du corps en contact avec celui-­ci. La priorité à cheval doit être, dès le début, la recherche de l’équilibre. Une fois atteinte, les mains, les jambes et le poids deviennent alors des aides qui permettent de communiquer avec le cheval, et non ce qui permet de se tenir dessus.





Au piano aussi, il faut savoir sentir son centre de gravité: d'abord pour éviter les crispations et les efforts inutiles, ensuite pour atteindre l'équilibre requis pour un jeu souple, chantant, et un son riche.





Examinons la position au piano.
On s’assoit sur le devant du siège, les pieds bien à plat. Le dos gagne ainsi en tonus. À noter que le contact des pieds au sol est important.Dans cette position, en privilégiant une respiration abdominale, on rend aux épaules leur liberté.
(Le débutant oublie souvent que l’épaule est une articulation très mobile, et non une partie du tronc.) Les bras gagnent alors en mobilité et les mains et les doigts se retrouvent dans une position optimale. Il reste alors à s’ouvrir aux sensations ressenties par le bout des doigts sur les touches.


J’ai étudié auprès d’un professeur formé à la prestigieuse École Nationale d’Équitation de Saumur. Pour les curieux: http://www.cadrenoir.fr/le-cadre-noir
Il s’amusait à répéter qu’il fallait développer une fesse intelligente: qui perçoit, qui écoute et qui parle. Il parlait bien entendu de l’assiette qui est aussi canal de communication avec le cheval.

L’acte de s’asseoir au piano n’est pas non plus un geste anodin. On ne s’assied pas au piano comme on le fait à la table pour le repas. Dans ce geste qui semble banal, il y a acte de présence. Il y a recherche d’équilibre en soi, et dans le geste pianistique. Il faut donc savoir reconnaître quand on est bien assis: la hauteur et la distance avec le clavier font partie des paramètres à vérifier. 

Commençons par s’asseoir sur le devant du banc, plutôt sur les ischions que sur le haut de la fesse, avec les pieds bien à plat. Il faut sentir en soi un axe qui s’étire, et non qui s’affaisse. Cet axe imaginaire passe par le centre de gravité. On redresse doucement la colonne vertébrale, puis la tête, on rentre un peu le menton, ce qui permet de dégager l’ensemble. On prend contact avec son corps, on l’habite.

Coude et poignet sont au même niveau. 
Coude plus haut que les poignets, trop de poids est mis sur les doigts. Coude plus bas, les poignets sont cassés et les doigts embêtés. Les coudes sont dégagés du tronc vers l’avant.
Lors des déplacements latéraux, ils ne doivent pas rencontrer d’obstacle. 

De bas en haut, du cou au bout des doigts, les mots-clés sont détente et souplesse. 
À noter que ces mots ne sont pas des synonymes de mollesse. Au contraire, il faut savoir garder du tonus sans toutefois se crisper. 


Passer du temps pour trouver une position confortable n’est pas une perte de temps. Cette position permettra la liberté de mouvement ainsi que l’efficacité. Associée à une respiration profonde, elle sera génératrice de calme. La musique peut devenir une épreuve si on ne tient pas compte des aspects émotifs au même titre que gestuels et techniques. Si elle est ignorée, l’émotion peut inhiber l’action à des degrés divers: crispation, panne de lecture, crampes, sueurs, tremblements... Nous avons donc besoin d’une bonne assise pour aborder le défi musical.

CHERCHER DÈS LE DÉBUT L’INDÉPENDANCE DES DIFFÉRENTES PARTIES DU CORPS. VEILLEZ À CE QUE LES MOUVEMENTS D’UN BRAS N’AIENT AUCUNE RÉPERCUSSION SUR L’AUTRE BRAS (...) LE PROGRÈS N’EST PAS CONSÉQUENCE DES MOUVEMENTS, MAIS DE LA FAÇON DONT ILS SONT EXÉCUTÉS.Cdt Licart -­ Comment apprendre à monter à cheval 

jeudi 16 mai 2013

Paroles de Boileau


Mon père ne cessait de parler pédagogie musicale à la maison. Je pense que c’est ainsi qu’est née ma passion pour l’enseignement, au fil de ces conversations autour de la table. 

Parmi ses sujets de débat préférés: le piège de la mémoire digitale.
À son grand bonheur, ma mère nous est arrivé un jour avec cette citation:

                   Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement.
                             Et les mots pour le dire arrivent aisément.
                                        Boileau - L’art poétique

Ce qui se conçoit bien musicalement sera joué avec justesse, économie de gestes et musicalité.

Boileau disait aussi:

                    Avant donc que d’écrire, apprenez à penser.

Avant de jouer, apprenez à penser. 
Avant de jouer, prenez le temps de penser. 
Et, en jouant, restez présent à ce que vous faites. 

À force de vous y entraîner, «penser musique» deviendra une seconde nature. La pensée deviendra légère et habile à décoder rapidement. Le corps restera détendu et en équilibre. Bien guidés, les doigts trouveront leur chemin au clavier avec agilité et fluidité. Le jeu sera expressif.

Qu’est-ce que la mémoire digitale? C’est quand les doigts y vont par eux-mêmes, parce que l’enchaînement des doigts a été mémorisé, automatisé à force de répétition, et qu’on a cessé de penser aux noms des notes et aux accords. Ce n’est pas mauvais, sauf «quand il n’y a personne derrière le volant.» Tout dans les doigts, rien dans la tête: cul de sac en vue éventuellement, assurément.

Un petit truc pour rester centré: bien partir. Avant de commencer votre pièce au piano, gardez les mains sur les cuisses et prenez du temps pour réfléchir à ce que vous allez jouer. Ne laissez vos doigts chercher, utilisez plutôt votre tête: 
ça va mieux! Et restez dans cet esprit quand vous jouez: ne perdez pas de vue ce que vous êtes en train de faire. 

Bonne pratique!

dimanche 5 mai 2013

Kinesthésie, Zen et Escalade 1


Je vous partage ici une des feuilles d'un document que j'ai écrit et que je remettais aux élèves de mes cours. On peut facilement appliquer ces principes à l'instrument. 
Bonne lecture!