samedi 4 mai 2013

La beauté du geste


«Pour aller vite en montagne, il faut aller lentement».
Voilà une règle de base que tout montagnard ou alpiniste d’expérience connaît. 
À trop vouloir aller vite, on s’épuise plus rapidement et on se met en situation de danger. 

On peut choisir d’aller lentement aussi pour d’autres raisons. Profiter du paysage peut en être une. S’arrêter au plaisir du geste une autre.

En escalade, un éducatif fort instructif à cet effet est la grimpe au ralenti. Ce «taï-chi à la verticale» permettait aux élèves de mieux vivre les transferts de poids, de tonifier leur corps en plus d’améliorer leur équilibre, leur souplesse et leur coordination. Il aidait à améliorer la concentration, ainsi que, paradoxalement, la rapidité de lecture de la voie. Il imposait de s’attarder à chaque geste, en sentant chaque partie du corps qui était sollicitée. Calme et silence trouvaient leur place au sein d’une gestuelle de plus en plus élégante et efficace.

Jouer lentement au piano offre les mêmes bénéfices. Sans le stress de la vitesse, la lecture se fait de façon plus complète. Le «décryptage» de la partition se fait mieux. On peut sentir chaque note, chaque écart, chaque enchainement avec plus de précision. Les tensions disparaissent tandis que les nuances apparaissent de façon toute naturelle. 

Jouer lentement, c’est plus que simplement mettre le métronome à 40 battements minute; c’est accueillir la lenteur comme un bienfait, comme un éveil à la beauté du geste. 
Se ménager ainsi un espace de calme dans cette vie tourmentée par la performance, le «tout cuit» et la vitesse est très ressourçant et très révélateur.

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