samedi 4 mai 2013

L'esprit du débutant



Je vous présente un de mes professeurs: Yucca, «musichienne» à ses heures, mais 
surtout chien fidèle au grand coeur.  Tous les jours, elle m’enseigne et me fait pratiquer un tas de choses. Elle m’aide à jeter un regard neuf sur ce qui m’entoure, en gardant l’esprit ouvert pour mieux voir. Quand 
je la regarde traquer les champs près de chez nous, elle m’ouvre les portes de son univers et m’enseigne un peu plus sur la concentration. Son enthousiasme débordant lors de nos routines et rituels quotidiens me fait réaliser l’importance et la magie de l’instant présent. Elle m’enseigne ce qu’est l’esprit du débutant.
Si votre esprit est vide, il est toujours prêt pour quoique ce soit; il est ouvert à tout.
L’esprit du débutant contient beaucoup de possibilités, mais celui de l’expert en contient peu.
Dans l’esprit du débutant n’existe pas l’urgence de posséder, d’acquérir ou d’atteindre quelque chose. Toutes les pensées égocentriques limitent l’expérience. Le vrai secret des arts: être toujours un débutant.»    Shunryu Suzuki







Il est bon de cultiver cette attitude. Quand on s’enlève le stress d’apprendre et qu’on s’attarde plutôt à être présent à ce qu’on fait, on permet à la compréhension de venir au secours de l’apprentissage. 

Mais voilà, comme l’hyperactivité règne sur notre société et qu’elle nous fait baigner dans un climat d’urgence, une autre tentation nous guette tout naturellement: le besoin de performance. Cette névrose moderne s’insinue jusque dans nos loisirs. Dans une société dominée par la vitesse, le moindre contretemps et la moindre lenteur exaspèrent et insécurisent. Comment alors comprendre qu’il faut ralentir pour apprendre la musique et que la lenteur n’est pas synonyme de  manque de talent ou de «drive». 

Celui qui a l’esprit du débutant s’émerveille du chemin parcouru; il ne regarde pas sa montre ou son calendrier pour s’évaluer. Il ne s’inquiète pas du chemin qui reste à parcourir. Le but à atteindre n’est pas là-bas, «quand je serai bon, quand je jouerai plus vite, quand j’aurai un meilleur instrument». Il se réalise plutôt dans chaque pas qui est fait.
Le bonheur de jouer ne s’achète pas, il se vit. C’est d’abord une attitude, une ouverture, une présence. 

Celui qui a l’esprit du débutant ne s’empresse pas de poser l’étiquette «je sais». 
Il n’essaie pas non plus de mémoriser. À chaque jour, il pose un regard neuf sur ce qu’il étudie. Il garde ses pensées orientées sur ce qu’il fait. Il observe sous le plus d’angles possibles. Doucement, sans stress et sûrement. 

La musique est un art exigeant qui ne se laisse pas apprivoiser rapidement. Mais pour celui qui est capable de trouver du bonheur dans chaque pas, c’est un voyage passionnant qui fait beaucoup grandir.

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